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Entre quatre murs est un atelier proposé aux étudiants en deuxième année DN MADE mention graphisme du lycée André Malraux (Lycam, Montereau-Fault-Yonne). Il est l'occasion pour les étudiants se formant à l'édition, l'illustration et l'évènementiel, d'explorer les formes du récit illustré et graphique sur le Web.

Durant trois jours, les étudiants sont amenés à relater leur vécu du confinement de la COVID-19. Phénomène mondial, la crise sanitaire met entre autre à l’épreuve l'économie, le système de santé et le principe de solidarité. Au niveau individuel, les chiffres de la mortalité, annoncée chaque soir du premier confinement, l'interdiction de sortir, de voir ses proches, ses collègues, l'obligation de masquer son visage, le télétravail comme norme, la progression de la précarisation, impliquent une standardisation anxiogène. Toutefois, en tant qu'expérience singulière et collective, le confinement constitue une matière au récit.
Confiner, c'est tracer des limites autour de quelque chose ou de quelqu'un, le délimiter, l'enfermer (CNRTL). Le confinement est historiquement un terme d'abord utilisé dans le contexte pénal de l'emprisonnement (1579), puis de l'isolement captif (XIXe siècle). Aujourd'hui il indique surtout le fait d'enfermer et d'être enfermé dans certaines limites, concrètes et surtout abstraites (Rey, Dictionnaire historique de la langue française, 2016).
Se confiner, c'est aussi enfermer ses préoccupations dans quelque chose (CNRTL). On peut donc aussi voir le confinement comme le moment où l'on pratique, où l'on construit un projet. Il peut évoquer le travail de création. Le récit, permettant de conférer un sens à la réalité, est l'occasion pour les étudiants de questionner cette période d'isolement généralisée. Étant par définition un point de vue, le récit est, selon sa forme, moyen d'objectivation de la réalité, d'évasion ou d'expérimentation.
Pendant l'atelier, les étudiants vont utiliser le Web comme support de création et / ou de publication. Par les fonctions qu'il propose, le Web permet d'augmenter le récit. D'abord, il est un outil d'écriture en réseau, dit " réticulaire ". Il permet l'ajout, la suppression, le partage, la révision de ressources, c'est-à-dire des informations. Selon la configuration, un récit individuel peut devenir collectif.
Par ailleurs, l'hypertexte, fonction informatique permettant d'établir un lien d'un média vers un autre, permet d'orienter la lecture selon une logique linéaire ou fragmentée. Construit sur un ensemble de ressources, tout récit affiché sur le Web repose sur une base de données. À partir de cette condition, il est possible de simuler la linéarité du récit (situation initial, élément perturbateur, péripéties, situation finale), ou au contraire de s'en affranchir radicalement, à l'image de la structure du Web (Olia Lialina, My Boyfriend Came back from the War, 1996). L'un et l'autre dépendent de la position de l'auteur.
Enfin, le développement du multimédia dans les années 1990 établit et perfectionne le visionnage et le partage d'objets vidéos et sonores sur le Web. Ces avancées rendent possible l'augmentation du récit illustré. Ce dernier, traditionnellement composé de textes et d'illustrations, peut dès lors intégrer des médias animés. L'écriture en réseau, l'hypertexte et la lecture multimédia sont trois fonctions informatique permettant de créer des récits à dimensions multiples, mais il en existe de nombreuses autres (Mouchette).
Support d'écritures, le Web est simultanément moyen de publication. Il est par la même outil puissant de publicité. Les pratiques marketing sur les réseaux sociaux, de même que les vidéos sur les plateforme de streaming à l'initiative de particuliers illustrent bien l'exploitation contemporaine de la tension entre écriture, visibilité et publicité. Le storytelling en ligne, au service du corporatisme et de l'identité de marque, exploite cette triple condition pour raconter les marques sous une autre perspective. Les particuliers se produisent, devenant entrepreneurs. Leurs personnages, a priori intimes, reflètent des singularités standardisées, où l'unique est produit en série (Manovich, 2010, p. 147).
Durant ce workshop, les étudiants vont s'interroger sur les points suivants : comment faire récit face à la logique de communication actuelle du Web ? Comment se positionner, en tant qu’auteur d’œuvres graphiques ? L'écriture subjective sur le Web résiste-t-elle au moule de ce media de masse ?
Devant produire leur matière première, les étudiants sont invités à travailler avec la plateforme de publication Web Hotglue. L'outil Hotglue dispose d'une interface conviviale permettant de publier facilement des pages ou médias en ligne. Il met en scène les fonctions informatiques basiques du copiage et collage de médias, valorisant de fait les techniques avant-gardes des années 1920. Par extension, il rappelle les expérimentations littéraires des membres de l'OuLiPo, ou encore celles des auteurs du Nouveau Roman, cultivant la narration lacunaire. Car comme tout nouveau média, le site Web s'inscrit dans la logique mécanique de la base de données (Manovich, 2010). S'il met en scène des standards, Hotglue permet de publier facilement et de s'initier aux langages de description de page.
L'objectif de cet atelier est de revenir sur les fonctions basiques du Web, pour comprendre leur incidence sur l'esthétique contemporaine.





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